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Renault redevient simple motoriste (2010-2016)

L'histoire de Renault en Formule 1 est une série de "je t'aime moi non plus" avec des départs jamais très longs, suivis de retours souvent fructueux. Ainsi après le succès au milieu des années 2000 Renault décide de se retirer dix ans plus tard.
Par le 13/08/2024

En 2024, l'arrêt probable de la production de moteurs pour la F1 restera probablement comme un coup de poignard ou une tâche indélébile laissés par les dirigeants actuels. Car depuis les années 70 et l'arrivée du constructeur français en F1, Renault n'a que très rarement cessé de produire des moteurs pour les autres équipes. On peut notamment citer la période de veille entre 1987 et 1989 et entre 1998 et 2000. Et encore, sur cette dernière période, les moteurs Renault étaient encore produits et revendus à certaines équipes sans l’appellation Renault.

2010 : Renault F1 se sépare de son équipe

Mais revenons sur une période plus proche de nous, il y a déjà 15 ans... Malmené par l’affaire du Crashgate et alors que Renault doit traverser la crise économique venue des États-Unis, le constructeur décide fin 2009 de revendre 75% de son équipe basée à Enstone en Grande Bretagne (rachetée 10 ans plus tôt à Benetton) au fond d’investissement Genii Capital dirigé par Gérard Lopez. En revanche, le constructeur conserve son site de Viry-Chatillon en France qui s'occupe de la conception et de la production des moteurs.

L’équipe va malgré tout courir sous le nom Renault pour cette année 2010. Mais en interne, tout change. Flavio Briatore, l’artisan du "crashgate" est viré de l’équipe et banni à vie de la Formule 1 (une décision annulée plus tard par la justice) tandis que Fernando Alonso et Romain Grosjean quittent l’équipe. Le duo de pilote est désormais composé du grand espoir polonais Robert Kubica et du débutant Vitaly Petrov, premier pilote russe de l’histoire de la F1, dont il se dit qu’il doit plus sa place à sa nationalité qu’à son talent. Hasard ou coïncidence, le constructeur automobile russe Lada, dont Renault est également actionnaire, devient sponsor de l’équipe.

La saison prouvera que le pilote russe méritait sa place sur la grille de départ, avec notamment une 7ème place en Chine et une 5ème place en Hongrie. Certes, la comparaison avec son coéquipier est sans équivoque avec trois podiums pour le polonais, mais ce dernier est un champion en puissance alors que Petrov est un débutant.

Après une saison 2009 très décevante, en 2010, la RE30, conçue sous l’ère Renault se montre bien plus performante que sa devancière. L’équipe lutte ainsi face à Mercedes pour la 4ème place au championnat du monde. Elle échouera et se classera finalement 5ème avec un total de 163 points au compteur contre 26 l’année précédente. L’équipe semble ainsi remonter la pente avec de grosses ambitions pour l’année suivante.

Renault se satisfait également du double titre (constructeur et pilote) obtenu par Red Bull et Sebastian Vettel. Le début d’une période faste pour le tandem Franco-autrichien commence alors.

Renault simple motoriste

2011 : Une saison compliquée pour Lotus, Red Bull récidive


Robert Kubica au volant de la R31 lors des essais de pré-saison

Tandis que Renault décide de se séparer de ses dernières parts dans l’équipe, en décembre 2010, Genii Capital signe un accord avec Group Lotus et sa maison mère, le malaisien Proton. L’équipe est ainsi renommée Lotus Renault GP pour la saison 2011, signant donc le retour de la marque (ou plutôt du nom) qui a fait débuter Ayrton Senna dans les années 80. La voiture abandonne sa robe jaune et blanche peu réussie pour une superbe parure noire et or rappelant celle du passé.

Malheureusement, le pilote vedette Robert Kubica subi peu avant le début de la saison un grave accident en rallye au volant d’une Skoda Fabia S2000. Victime de nombreux traumatismes et placé dans un coma artificiel, il doit faire face à de nombreuses opérations et sera remplacé durant sa convalescence par son ancien coéquipier chez BMW, l’Allemand Nick Heidfeld. À ses côtés, le russe Vitaly Petrov, sera reconduit.

La R31 semble bien née. Motorisée par le V8 Renault RS27 et après des essais hivernaux très encourageants, Vitaly Petrov signe un beau podium lors de la première épreuve en Australie, prouvant au passage qu’il est un pilote solide et fiable. Nick Heidfeld l’imite lors de l’épreuve suivante en Malaisie.

Le reste de la saison sera plus compliqué même si l’équipe termine toutes les courses dans les points jusqu’en Hongrie à la mi-saison. Mais avec une voiture qui ne parait pas être développée comme il le faudrait, l’équipe recule dans la hiérarchie. Pire, en décidant de se passer de Nick Heidfeld qui n’a pourtant pas démérité, l’équipe se prive d’un pilote solide. Pour le remplacer, l’équipe fait appel à un débutant, Bruno Senna, neveu du triple champion du monde de Formule 1 mort en 1994. Grâce à son patronyme célèbre, l’équipe fait un joli coup marketing. Mais sportivement, l’histoire dira que ce fut un échec.

Bruno Senna, qui débute alors en F1, ne marque que deux points jusqu’en fin de saison contre cinq pour son coéquipier. L’équipe parvient tout juste à conserver sa 5ème place au championnat avec seulement 73 points. Une place que l’équipe ne doit uniquement qu’à son bon début de saison.

Du côté des équipes clientes, Renault motorise également Lotus Racing devenue Team Lotus, une autre équipe qui utilise le nom Lotus et qui est arrivée en F1 l’année précédente. Si Lotus Racing n’a pas de grandes ambitions, en revanche, Red Bull Racing est de nouveau champion du monde, permettant de faire rayonner le constructeur. 


La Red Bull Renault RB7

2012-2013 : les Red Bull Renault laissent des miettes aux adversaires

Fort de son expérience et de ses titres acquis dans les années 90 avec Williams et Benetton, ceux de 2005 et 2006 avec sa propre équipe ainsi que les derniers titres en date avec Red Bull, Renault Sport développe son portefeuille de clients.

En 2012 et 2013, le constructeur fournit désormais son V8 RS27 à deux autres équipes. Le bloc Renault est ainsi présent sous le capot de quatre équipes :  Red Bull, Caterham F1 Team (ex Team Lotus, ex-Lotus Racing), Williams et bien sûr son ancienne équipe Lotus F1 Team. 


Les Caterham étaient abonnées au fond de la grille

Red Bull continue d’accumuler les succès avec de nouveaux titres constructeurs et pilotes. Du côté des autres équipes, les résultats sont plus compliqués. Faute de moyens, Caterham ne marque aucun point, tandis que Williams se classe à des lointaines 8ème place en 2012 et 9ème place en 2013.

Seule son ancienne équipe signe de bons résultats. Kimi Räikkönen, champion du monde en 2007 et vice-champion en 2003 et 2005, y signe son retour en F1 en 2012 après un congé sabbatique de deux ans. Romain Grosjean se voit également offrir une nouvelle chance après des débuts compliqués quelques années plus tôt chez Renault aux côtés de Fernando Alonso. 


La Lotus Renault de 2012 devançant une Red Bull Renault

Le nouveau duo de pilote se montre très complémentaire avec notamment une victoire de Kimi Räikkönen et un total de sept podiums. Romain Grosjean signe quant à lui 3 podiums, mais sera fortement critiqué suite à de nombreux accidents, dont il n’était pas toujours responsable, provoquant la création de la super licence à points… L’équipe se classe ainsi à la 4ème place au championnat avec 303 points : une excellente performance et une progression impressionnante !

En 2013, le même duo est reconduit. Dès la première manche, Kimi Räikkönen offre une nouvelle victoire à l’équipe.  Elle sera suivie de cinq secondes places en neuf courses. Quant à Romain Grosjean, malgré de fortes critiques l’année passée, il va accumuler six podiums dont cinq troisièmes places. L’équipe termine ainsi l’année à la 4ème place en faisant mieux que l’année passée grâce à ses 315 points, de peu derrière Ferrari et ses 354 points.

L’ère du Turbo hybride (2014-2016)

Des débuts compliqués pour le moteur Renault

Après la domination du moteur Renault durant les saisons 2010, 2011, 2012 et 2013, la saison 2014 marque un grand tournant avec l’introduction du V6 Turbo hybride qui va rebattre les cartes au sein de la hiérarchie.

Un tournant que va clairement mal négocier la marque française et qui va voir Mercedes devenir l’équipe à battre pendant bien des années.

En 2014, quatre équipes sont pourtant motorisées par Renault (Red Bull Racing, Lotus F1 Team, Caterham F1 Team et la Scuderia Toro Rosso). Certes Mercedes domine largement, mais Red Bull avec son moteur Renault est loin d’être ridicule. L’équipe remporte tout de même trois courses grâce à Daniel Ricciardo, signe sept troisièmes places et termine la saison vice-champion du monde des constructeurs.

Pour Lotus en revanche, c’est la douche froide. L’équipe ne parvient à signer que 10 points, dont 8 pour Grosjean, et 2 pour son nouveau coéquipier. Lotus termine ainsi à la 8ème place du championnat. Une dégringolade tout aussi spectaculaire que son ascension deux ans plus tôt.


La Lotus Renault avec son nez particulier se montrera rétive

En 2015, seules Red Bull Racing et son équipe sœur Toro Rosso restent avec Renault. Caterham a cessé ses activités en F1, tandis que Lotus F1 Team est passé chez Mercedes. Red Bull ne signe qu’un seul podium et termine la saison à la 4ème place. Faute de résultats et d’améliorations tangibles du moteur, de fortes tensions entre Renault et Red Bull apparaissent en public. Quant à la petite équipe sœur Toro Rosso, elle finit l’année à la 7ème place.

2016 : Renault F1 signe son retour en tant qu’équipe


La Renault RS16 qui tentera d'exister dans le championnat 2016

Malgré les très bonnes années 2012 et 2013, Gérard Lopez et son fonds d’investissement ont bien failli être les fossoyeurs de l’équipe d’Enstone si Renault n’était pas intervenu à temps. Une chance que n’a pas eu une autre équipe, de Football cette fois, en la personne des Girondins de Bordeaux, également rachetée par Gérard Lopez, qui est passée de la Ligue 1 au national en seulement deux saisons.

En uniquement deux ans, la situation de Lotus F1 Team est devenue très compliquée. Ne bénéficiant pas d’investissements suffisants, l’équipe n’a pas cessé de reculer au classement, tandis que les dettes et des pertes estimées à 252 millions d’euros se sont accumulés, sans compter près de 4 millions d’euros réclamés par le fisc anglais.

Heureusement, Renault qui souhaite revenir en F1 annonce ainsi le 3 décembre 2015 le rachat pour 1€ symbolique de Lotus F1 Team, son ancienne équipe. La marque s’engage cependant à rembourser les créanciers et à investir fortement pour remettre à flot l’usine, qui est restée figée à la situation des années Renault 6 ans plus tôt.

Mais malgré de grosses ambitions, le retour de Renault sera pourtant plus difficile et plus long que prévu…

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