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Renault surfe sur le succès en masquant les échecs

Ces derniers mois, les bonnes nouvelles se multiplient pour Renault : Hausse des ventes mondiales et européennes, résultats financiers au beau fixe, place de n°1 mondial, tout semble sourire au groupe présidé par C.Ghosn.
Par le 26/01/2018

Pourtant derrière ces bonnes nouvelles, comme pour toute entreprise, quelque soit son secteur d'activité, se cachent aussi des échecs sur lesquels la marque communique -fort normalement- peu.

Le nouveau Scénic ne relance pas le segment du monospace

Le pari de Renault, celui de redonner un élan positif à un segment automobile décimé, était "risqué".

Le Scénic 4, malgré toutes ses qualités stylistiques a bien du mal à surnager au milieu de la vague déferlante des SUV. Certes, Renault peut se consoler en se disant qu'il reste en tête de son segment en France devant un vieillissant Picasso, mais pour autant, il n'a représenté que 47 000 unités dans l’hexagone en 2017, soit une part de marché de 2,2 %.


Le Scénic a gagné en style, mais perdu en praticité

De son côté, le vieillissant Picasso, commercialisé en 2013 puis restylé légèrement en 2016 a tout de même réalisé pratiquement 40 000 unités, preuve en est que le Scenic, malgré un segment en perte de vitesse n'est pas non plus un franc succès. Une faiblesse en matière de moteurs essence explique en partie ce phénomène, chose qui sera corrigée dans quelques semaines avec l'arrivée du nouveau moteur 1,3 Tce. L'année 2018 semble ainsi déterminante pour l'avenir du monospace compact chez Renault.

La Mégane ne parvient pas à égaler la 308 en France

La Mégane, pourtant plus jeune que sa concurrente 308 est resté à la traîne l'année dernière. Quand la 308 s'est écoulée à 66 163 unités, la Mégane n'a pu faire mieux que 51 536 unités. Là encore, l'offre en matière de moteurs essence peut expliqué une partie de ce résultat, mais la vraie raison est certainement ailleurs. L'une des hypothèses que l'on peut avancer est bien sur les remises que Renault accepte de faire aux flottes. En effet, la marque voulant augmenter ses marges a décidé de réduire les remises.

Le Kadjar ne peut rivaliser avec le 3008

Chez Peugeot, le 3008 est clairement un énorme succès avec 74 300 unités immatriculées. De son côté, le Kadjar, il vrai, concurrencé en interne par le Scénic, n'a pu faire mieux que 31 522 unités pour seulement une part de marché de seulement 1,5 %.

Pire, dans le monde, les ventes sont passées de 163 000 en 2016 à près de 155 000 en 2017 alors qu'il a été introduit sur de nouveaux marchés. Là encore, la raison de cette forte chute reste à découvrir.

Le Captur n'est plus le leader incontesté qu'il était

Si le Captur conserve sa place de leader grâce à ses nombreuses qualités en France et en Europe, l'année dernière, il n'a sauvé sa place dans l’hexagone qu'à la faveur du mois de décembre. Depuis son restyling, le 2008 a vraiment corrigé le tir à tel point que le leader incontesté fait désormais jeu égal avec son concurrent : 800 unités d'écart au final pour une part de marché respective de de 3,3 et 3,2 %.

Les tarifs peuvent être une première explication. Si lors de sa commercialisation, Renault avait communiqué sur son prix canon avec un ticket d'entrée de 15 500 €, il faut désormais ajouter 1 600 € au minimum.

Les ventes des véhicules électriques tardent à décoller

S'il semble clair que le véhicule électrique représente le futur, les ventes tardent cependant à décoller réellement. Consolation pour Renault, la Zoé reste, et de loin, le véhicule électrique le plus vendu en France. Quand à l'Europe, elle a vu ses ventes augmenter de 44 % et prend ainsi à elle seule 24 % du marché européen !

Tous les constructeurs arrivent sur le marché électrique, preuve qu'il est porteur. Pour autant, les volumes restent encore faibles. En France, la Zoé n'a pourtant eu que 15 245 immatriculations soit environ 0,7 % du marché total. C'est dire la marge de progression

L'Espace en chute libre

Arrivé pratiquement à mi carrière, l'Espace qui avait plutôt connu un bon démarrage commercial voit ses ventes s'essouffler. Très vendu auprès des flottes d'entreprise, les nouvelles règles en matière de CO2 peuvent expliquer un certain désamour, tout comme quelques problèmes de fiabilité lors du début de sa carrière.

L'année dernière, l'Espace s'est écoulé à seulement 18 500 exemplaires contre plus du double l'année précédent (27 000), une chute difficile à expliquer.

Avec un Scénic dont les résultats sont en deçà des espérances, et l'Espace dont les ventes sont en baisse, l'usine de Douai en France a réduit sa production de 25 % comme l'avait révélé les Echos en octobre dernier.

Pour l'usine de Douai, la bonne nouvelle vient tout de même de la Talisman qui a vu ses ventes mondiales passer de 37 000 à 44 000. Pour autant, les résultats seraient en deçà des objectifs de l'ordre de 30 % selon les Echos, tandis que celles du Scénic seraient 20 % inférieures, la faute, il faut bien le dire à la déferlante des SUV.

De simples restylings à venir

Avec une gamme très jeune mais qui commence à s'essouffler un peu, les années à venir pourraient être compliquées pour Renault en Europe. Seuls de petits restylages sont attendus. Pas sur que cela suffise à inverser le phénomène, à moins d'une baisse des tarifs.

Mais surtout, quid de l'avenir ? Il semble probable que Renault va vouloir rationaliser sa gamme. A ce petit jeu, les deux des modèles emblématiques de Renault, le Scénic et l'Espace, pourraient bien en fassent les frais.

A l'inverse, l'avenir de la Talisman, dont Renault en a fait un modèle mondial -contrairement à ses deux « monospaces »- devrait y survivre.

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