Les ludospaces comme le Kangoo, une espèce en voie de disparition

Dérivés d’utilitaires et proposant un confort rudimentaire, les “ludospaces” ou “combispace” ce néologisme créé par les constructeurs pour désigner ni plus ni moins qu’une petite camionnette aménagée en 5 places pour un usage personnel, ont connu un énorme succès à l’orée des années 2000.

Procédons à un petit retour en arrière. En 1997, quelques mois après Citroën et son Berlingo, Renault commercialise le Kangoo, remplaçant de l’Express, cet utilitaire basé sur la Super 5 et commercialisé depuis 1985. Avec sa porte latérale coulissante, sa bouille joviale, et une communication réglée au cordeau faisant de lui la “nouvelle 4L”, le Kangoo va vite gagner les faveurs du public français grâce à sa praticité, son design, son espace de chargement et son prix. Un vrai couteau Suisse que l’on pouvait utiliser aussi bien pour transporter sa famille en semaine, partir en week-end ou en vacances tout en prenant les vélos, mais aussi servir pour déménager ou faire des travaux le reste du temps sans peur de l’abimer, le tout à un prix accessible. 

Des prix devenus délirants

Car oui, à l’époque, un Kangoo est alors bon marché. En 1998, alors que le SMIC s’élève à 6 797 Francs par mois, une Clio d’entrée de gamme nécessite 64 400 Francs, tandis qu’un Kangoo avec le même moteur réclame 74 000 Francs, soit un surcout de 15% comparé à la citadine. 

Un Kangoo nécessite alors 10,9 mois de SMIC. Un bon choix pour les familles qui ne peuvent pas dépenser les 106 900 € réclamés par un Scénic ou les 153 500 € d’un Espace.

Un peu plus de 25 ans plus tard, nous voici en 2024. Alors que le SMIC brut s’élève désormais à 1 766 € par mois, un Kangoo en version VP, l’équivalent du ludospace de l’époque, débute à 26 000 € (Kangoo TCe 100 evolution), alors qu’une Clio débute à 19 000 € (SCe 65), soit une différence de… 37% entre ces deux modèles. Et surtout, pour se le payer, il nécessite 14,7 mois de Smic, soit une hausse de 35% !

Et ne croyez pas que Renault serait le seul fautif de cette hausse des prix, car du côté des chez Citroën par exemple, le Berlingo débute quant à lui à 25 760 €. Une hausse spectaculaire pour ces véhicules toujours mieux équipés, bien plus confortables et plus proches d’une voiture classique… sauf pour le prix bien plus haut. Cherchez l’erreur. Et pourtant, outre les ludospaces, tous les modèles ont subi une forte inflation.

Un segment ludospace en plein marasme

Il y a encore 10 ans, le Kangoo de 2nde génération avait déjà perdu beaucoup de terrain, mais il s’adjugeait encore 0,6% de parts de marché, avec un total de 11 499 unités (sources PFA). Le Berlingo faisait à peine moins bien avec 9 130 unités, tandis que Peugeot classait son Partner plus loin avec 0,4% de parts de marché. En 2023, si le Kangoo conserve encore 0,4% de parts de marché, il est bien le seul de son segment dans le top 100. Le Berlingo a totalement disparu, et aucun autre concurrent n’a réussi à se placer dans le top 100, signifiant qu’aucun ne dépasse les 0,2% de parts de marché.

Entre la déferlante des SUV et l’augmentation massive des prix, ceux que l’on appelait Ludospace ou encore Combispace n’ont plus rien du bon plan. Très chers, plus assez valorisant pour leur propriétaire à une époque où le “m’as-tu vu” reste de mise, les ludospaces, tout comme les monospaces, font désormais partie des dinosaures, et il serait fort risqué de parier sur leur retour… Pour le même prix, les clients préfèrent passer sur un SUV.

À l'inverse, en VU, les utilitaires comme le Kangoo malgré un prix en forte hausse, restent prisés, faute de réelle alternative. Le Kangoo, avec 5,4% de parts de marché sur les six premiers mois de l'année, bataille d'ailleurs avec le Peugeot Partner pour le gain de la 3ème place en France, derrière le Renault Master qui vient tout juste d'être renouvelé et élu Van of the Year et le Trafic.