R21 2L Turbo (1987-1994)
En Mars 1986, en remplacement de la R20 disparue quelques années plus tôt, et d'une R18 accusant le poids des années, Renault lance sa nouvelle R21, une nouvelle voiture du segment M2 (désormais segment D) qui vient se placer entre la R11 et la R25 dans la gamme Renault.
Contrairement à la R18, pour sa R21, Renault opte dans un premier temps pour une carrosserie à 4 portes, et une déclinaison break appelée Nevada. Mais surtout, pour promouvoir une nouvelle voiture, surtout en Allemagne, à une époque qui parait désormais révolue depuis bien longtemps où la puissance fait rêver, la régie Renault décide de proposer une déclinaison sportive.
Chez tous les constructeurs, mais encore plus chez Renault qui a promu et imposé le Turbo aux débuts des années 80 en Formule 1, ce type de motorisation est désormais parfaitement exploité. Le constructeur a d'ailleurs obtenu une réelle légitimité avec notamment sa R5 Turbo, ou encore l'Alpine A310 et GTA Turbo. Sans oublier durant les années 80, les Super 5 GT Turbo, R11 Turbo, R18 Turbo, etc.
C'est donc tout naturellement, qu'en 1987, une version très spéciale de sa R21, arrive avec la version 2L Turbo forte de ses 175 ch. sous le capot. Avec sa R21 Turbo, Renault cible ainsi les anciens de clients de R5 Turbo, de R18 Turbo.
La R21 Turbo digne descendante de la lignée des Turbo chez Renault
Techniquement, pour sa R21, Renault décide d'utiliser deux types d’implantation mécanique. La première, transversale pour les petites motorisations (moteur « F ») et la seconde, longitudinale pour les moteurs plus performants (moteur « J »).
La version qui nous intéresse, à savoir la R21 2 litres Turbo, est basée sur le moteur J (également appelé moteur Douvrin du nom de l'usine où il est produit) produit par la SFM (Société Française de Mécanique) pour les constructeurs Renault, Peugeot et Citroën, accolé à une boite de vitesse UN1. Rien de très révolutionnaire, vu que ce groupe motopropulseur est bien connu chez Renault, pour l’avoir utilisé depuis la R20 en version carburateur jusqu'à l’Espace II, la Renault 25 mais aussi plus tard, sur la Safrane pour les versions diéselisées et à injection électronique.
Rebondissant sur la notoriété acquise en rallye et aux victoires en Formule 1, Renault poursuit alors sa politique sportive qui consiste à sortir une version turbo compressée de chacun des modèles de sa gamme de l’époque.
Une R21 Turbo phase 1
Après les R5 Turbo, R5 Alpine Turbo, R18 Turbo, Super 5 GT turbo, R9 Turbo, R11 Turbo, R25 Turbo et Alpine, c’est au tour de la R21 d’être mitonnée à la sauce suralimentation. La R21 2 litres Turbo fait alors sa première apparition en 1987.
Une voiture sportive de 175 ch. grâce à un moteur 2L gavé par un turbo Garett
Décidés à chasser sur les plates bandes des Allemandes, BMW en tête avec sa M3 e30 et Mercedes avec la 190, les ingénieurs n'hésitent pas a greffer un Garrett T3 sur le bloc « J » 2 litres (1 995 cm3). Ce denier malgré son âge est de bonne conception avec un bloc tout alu, des chemises humides et une culasse hémisphérique, mais reste "malheureusement" toujours à deux soupapes par cylindre là où certains de ses concurrents sont déjà passés à 4 soupapes.
Ainsi équipé, le bloc développe malgré tout 175 ch. à 5200 Tr/mn et 27.5 Mkg à 3 000 Tr/mn, bien aidé par une injection électronique de type pression/régime, contre 110 ch. et 166 Nm pour la version d'origine, avec un turbo bridé sur le premier rapport de boite. La R21 2l Turbo devient ainsi à la fin des années 90 la berline française la plus performante et la plus aboutie.
Grâce à sa puissance honorable, et à son couple disponible assez bas dans les tours grâce au turbo, cette R21 2l turbo se montre souple à bas régime et même silencieuse en usage normal grâce à une bonne insonorisation. Mais avec un tel moteur qui ne rechigne pas à la tâche, l'agrément de conduite devient excellent dès que l'on vient taper un peu plus dedans grâce à d'excellentes performances et de belles sensations si caractéristiques des anciens turbo qui donnent ce fameux coup de pied au cul. Le 0 à 100 km/h est ainsi expédié en moins de 8 secondes, tandis que le 1000 mètres départ arrêté est réalisé en 28 secondes.
Le look, assez fade, de la berline de base à été revu afin de coller à la personnalité plus agressive de la version suralimentée. Rien n'est oublié: spoiler avant et arrière, face avant sport, bas de caisse, aileron de coffre, jantes aluminium 15 pouces en alliage de série, sans oublier le signe Turbo. Comparée à une exubérante R5 Turbo ou Super 5 GT Turbo, la R21 Turbo parait certes un poil fade, mais elle joue dans une cours différente où la performance se faire plus sobre. Plusieurs teintes sont proposées: le rouge qui sera une couleur assez répandue, mais aussi Blanc, noir, et deux gris, l'un Tungstène et l'autre Clair. En outre, pour ceux qui veulent un look plus voyant, des kits avec spoiler avant et arrière sont proposés.
Pour assurer sa promotion, Renault inscrit ce nouveau modèle en championnat de Supertourisme, que Jean Ragnotti remporte en 1988, et dans diverses autres compétitions, avec des versions qui atteindront même la bagatelle de 410 ch. !
A l'intérieur, dans l'habitacle, les sièges baquets -en velours- sont bien sur de la partie, tout comme des garnitures de portes plus sportives, et un volant sport en cuir 3 branches. L'instrumentation accueille un ordinateur de bord et un manomètre d'huile tandis que les compteurs sont désormais à fond rouge. Si l'équipement de série est assez riche, avec notamment l'ABS, la R21 comme beaucoup de voitures françaises de l'époque, souffre d'une finition moindre qu'une allemande.
Le Tableau de Bord sur la R21 Turbo phase 1
1989: la R21 Turbo passe en phase 2
Bien que récente, la version Turbo hérite en 1989, seulement deux ans après sa commercialisation, du restylage de la berline, dite "phase 2" qui sera commercialisée jusqu'en 1994.
Esthétiquement, très peu de changements, si ce n'est quelques arrondis ici et là afin de moderniser quelque peu la ligne générale. L'avant reste quasiment identique, tandis qu'à l'arrière, les feux carrés noirs au dessus, et rouges en dessous, sont légèrement arrondis tandis que l'ordre des couleurs est inversé. Un style qui sera d'ailleurs conservé sur sa remplaçante, la Laguna en 1994, ainsi que sur la Safrane en 1992 et la R19 phase 2.
Une phase 2...
A l'intérieur, les nouveautés sont plus nombreuses. La planche de bord en plastique rigide et les commandes de chauffage style « tirettes » sont remplacés par une planche de bord plus moderne en plastique assoupli. Les monogrammes Turbo sont transférés des custodes vers les répétiteurs de clignotant. Les écopes de frein sur la face avant sont élargies afin d’optimiser le passage de l’air pour le refroidissement des disques. Les jantes type turbine sont remplacées par des 5 bâtons plus aérées. Une autre couleur très appréciée se rajoute à la gamme: il s’agit du Bleu Renault Sport.
Le Tableau de bord sur la R21 phase 2 abandonne les commandes à tirettes
Une R21 Turbo à 4 roues motrices: la Quadra est née
Cette même année 1989, la version Turbo Quadra, également appelée AllRoad selon les marchés, fait sont apparition afin de venir lutter face à la mode des sportives 4x4 telle la Peugeot 405 Mi16 x4.
La 21 Turbo Quadra reprend le même dispositif technique que la R21 Nevada Quadra à savoir un pont arrière avec commande de blocage de différentiel centrale au tableau de bord qui permet de récupérer 35 % du couple et de la puissance pour le transmettre aux roues arrières. Un poil moins performante (0 à 100 km/h réalisé en 8'') à cause des 150 kilos supplémentaires de la transmission, elle est néanmoins beaucoup efficace et sécurisante sur route sinueuse. La R21 2 litres Turbo Quadra est reconnaissable à sa sortie d’échappement ovale.
Fin 1992/début 1993 la 21 passe en version catalysée avec la mise en application des premières lois contre la pollution. Ainsi, la puissance du J7R est amputée de 13 ch., passant de 175 à 162 pour les bienfaits de… l’environnement, mais pas de ses propriétaires.
En 1994, la 21 tous modèles confondus, tire sa révérence pour laisser sa place à la Laguna. Celle ci ne connaîtra pas de version suralimentée ni même de version très sportive. Pour cela, il faudra attendre la Laguna II GT et ses 205 ch. Mais n'étant pas engagée en compétition, il n'est pas difficile de deviner qu'elle connaitra une carrière bien plus limitée.
Un modèle assez rare en occasion à des prix élevés
Aujourd'hui encore, la R21 Turbo conserve une vraie cote d'amour, et reste pour bon nombre de fans, l'une des sportives Renault qui déchaîne encore les passions, même si elle ne peut lutter face aux R5 Turbo ou Alpine. En tout 13 781 unités seront vendues.
De nos jours, il reste assez peu de modèles en circulation ce qui fait mécaniquement augmenter son prix sur le marché de l'occasion / collection. En 2023, on trouve ainsi des exemplaires en assez bon état entre 12 et 15 000 €, mais souvent fortement kilométrés, entre 150 000 km et 200 000 km. Pour autant grâce à une bonne fiabilité, si ce n'est la Quadra un peu plus fragile au niveau de l'arbre de transmission, ce kilométrage élevé n'est pas en soit un réel problème.
A noter que les 21 Turbo phases 2 avec une meilleure finition, en version 4x4 Quadra avant la mise en œuvre du pot catalytique sont les plus prisées et donc les plus chères.
Grâce à une bonne qualité de fabrication, en dépit d'une finition perfectible (partiellement corrigée sur la R21 Turbo phase 2) de la planche de bord, une excellente tenue de route malgré une petite tendance à la prise de roulis et au sous-virage et un moteur turbo très efficace, la R21 Turbo s'est d'office affichée comme une excellente berline sportive avec de bons chiffres en termes de performances . Pas étonnant donc que, celle qui aura droit à son heure de gloire à la fin des années 80 sera choisie par la gendarmerie française pour ses véhicules d'interception rapide.
Fiche Technique Renault 21 Turbo 2 litres
Années de production en France: de 1987 à 1994
Moteur: 4 cylindres "Douvrin" (moteur J) de 1 995 cm3
Puissance/Couple: 175 ch. à 5 200 tr/min / 270 Nm à 3000 tr/min et 162 ch. à 5 200 tr/min
Poids à vide: de 1215 à 1345 kg
Types de carrosserie: Berline 4 portes uniquement
Modèle précédent: R18 Turbo
Modèle suivant: /
Production totale: 13 781 unités
Lieu de production: France (Sandouville)
Tarif (1990): 170 000 Francs
Tarif occasion (2023): entre 12 000 et 15 000 €