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La Viva GS (1936-1939)

Comme tous les constructeurs européens, Renault a été longtemps fasciné par les USA. Au lendemain de la crise de 1929, cette fascination s’est transformée en source d’inspiration pour donner naissance à la Viva Grand Sport
Par le 07/02/2003

A la veille de la seconde guerre mondiale, le haut de gamme Renault avait une forte coloration américaine. (Voir aussi le dossier sur la Nervastella). La calandre de la Viva Grand Sport en était la plus expressive illustration.

La Viva Grand Sport (Viva GS) s’est inscrite dans une stratégie ambitieuse qui consistait à développer une gamme très complète allant des petites économiques (Prima, Mona) aux luxueuses ou sportives, en passant par la gamme moyenne comme la Celtaquatre, une philosophie -pourtant contraire au Fordisme- chère à Louis Renault.

La Viva Grand Sport, le haut de gamme des 6 cylindres


Une Viva Grand Sport type BDV1 de 1938

Elle fait son apparition au Salon de Paris 1934 et vient se placer au sommet de la lignée des modèles 6 cylindres. En bas de gamme au millésime 1935, on trouve 4 séries populaires équipées de moteurs 4 cylindres : la petite Celtaquatre concurrente de la Traction , la Monaquatre, la Primaquatre, et la Vivaquatre.

La première des 6 cylindres est la Primastella. Elle est épaulée par la Vivastella, la Vivasport et bientôt la Viva Grand Sport. En haut de gamme, tandis que la Reinastella (un nom que Renault réutilisera en 1992 pour un étonnant concept-car) vient de disparaître, les Nervastella et Nervasport paradent avec leur long capot abritant un 8 cylindres en ligne ; elles sont rejointes par la nouvelle Nerva Grand Sport peu de temps après.

La Viva Grand Sport qui débute au Salon de Paris 1934 possède un style fulgurant. Elle reprend la base mécanique de la Vivasport (empattement de 2.95m et moteur 3.6 litres de 85 ch) mais sa ligne très profilée est résolument originale. Dans la publicité, on l’associe à l’avion Caudron-Renault Rafale dessiné par Marcel Riffart.

Avec sa carrosserie profilée, celle qui se nomme à sa sortie Vivastella Grand Sport comme aux états-unis place Renault aux avant-postes de l’innovation stylistique. Hélas, le public n’adhère pas à cette audace et Renault est contraint de revenir à des formes plus conventionnelles dès le printemps 1935, pour le millésime 1936.

Renault n’échappe pas à l’attitude méfiante d’un public pusillanime, rechignant à cautionner l’innovation. C’est ce même public qui a d’ailleurs conduit la Chrysler Airflow vers son échec, modèle dont Renault... s’inspire fortement.

Un design trop en avance sur son temps

Née quelques mois avant la Viva Grand Sport, la Chrysler Airflow était trop dérangeante pour le public avant de finir par rentrer dans le rang non sans perdre son originalité esthétique.

Chez Renault, on constate la même évolution obligée à Billancourt. La Viva Grand Sport modèle 1936 (Type ACX-2) est une voiture nettement plus classique que le modèle 1935. La partie arrière fortement arrondie à l’origine a été prudemment redessinée dans un style beaucoup plus anguleux plus dans les codes de l'époque.

Établie sur un empattement de 2.95 mètres, la Viva GS est proposée sous quatre formes : berline 4/5 places, coupé 2/3 places, coach décapotable 4/5 places, et cabriolet décapotable 2/3 places avec spider.

Comme les autres modèles équipée du moteur 6 cylindres 3.6 litres, la cylindrée est augmentée au printemps 1935. Elle passe à 4 085 cm3 , l’alésage de 80 à 85 mm, mais la course ne change pas, et reste fixée à 120 mm. La puissance reste modeste avec seulement 88 chevaux pour entraîner cette lourde voiture de deux tonnes qui ne mérite pas vraiment son nom de « Grand Sport ». Sa vitesse maximale est de 135 km/h.


Une Viva Grand Sport type BDV1 de 1938

Les prix s’échelonnent de 39 000 F pour la berline à 44 000 F pour le Coach Décapotable. Sur le plan mécanique, la Viva Grand Sport se cantonne dans le conformisme le plus rassurant.

Les trains roulants reposent, tant à l’avant qu’à l’arrière, sur des essieux rigides suspendus par des ressorts longitudinaux à lames. Les freins sont commandés par câbles. Comme le reste de la gamme, la Viva Grand Sport ne fait pas œuvre d’avant-gardisme techniquement à une époque où les roues indépendantes et les freins hydrauliques commencent alors à se généraliser sur les voitures de série.

Au salon de Paris 1936 pour le millésime 1937 (référence ACX-3), la Viva Grand Sport est modifiée de façon significative tout comme la Vivastella. Elle adopte une nouvelle calandre en coupe-vent toujours dans un style très américanisé, et un capot à 5 ouvertures latérales. En même temps, les phares, au dessin original, sont profilés et bombés dans les ailes.

La capacité du coffre à bagages est améliorée par l’adoption d’une malle arrière proéminente, disponible sur demande. Les modèles du millésime 1938 (Types BCX 1-2 et 3) ne subissent que des retouches mineures. Le pare-chocs avant jusque là incurvé, adopte un dessin rectiligne tandis que les roues arrières ne sont plus recouvertes d’un flasque. Le coupé, qui n’avait jamais trouvé sa clientèle disparaît du catalogue.

La Viva GS représente désormais presque à elle seule le haut de gamme chez Renault puisque la Nerva GS n’est pratiquement plus vendue. Pour son ultime millésime, la Viva Grand Sport bénéficie de modifications plus sensibles. Toujours influencé par le design américain, la partie avant se charge de chromes. La calandre reçoit des barrettes horizontales chromées qui lui donnent de l’allure.

Les phares sont nouveaux, des optiques ronds venant s’intégrer dans un logement toujours profilé mais plus proéminent. Les flasques réapparaissent sur les roues arrières, tandis que des déflecteurs d’air sont montés sur les vitres avant. La puissance s’élève désormais à 95 ch (contre 88 en 1935) à 3 000 tr/min.

Le Coupé 2/3 places réapparaît au catalogue après sa suppression l’année passée. Mais, le rêve américain va s’interrompre brutalement avec la déclaration de guerre. La Viva Grand Sport disparaît pendant l’été 1939 sans laisser d’héritière…

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