Fluence ZE Electrique
Notre Fluence ZE a été testée sur un parcours routier comportant ville, montagne, circulation, pouvant se rapporter à un usage courant, le tout sur 2 boucles de 60km et 40km.
Le premier essai était orienté "éco conduite" tandis que le second était libre afin de pouvoir profiter de l’aspect dynamique du moteur électrique.
La Fluence ZE est un véhicule dérivé de la version thermique, dont le châssis a été revu et rééquilibré pour recevoir une batterie sans compromettre l'habitacle, et la tenue de route (renfort du train arrière et modification de la répartition au freinage).
Un volume de coffre réduit à peau de chagrin
Pour pouvoir stocker ses batteries situées derrière la baquette arrière, le véhicule a pris 13cm pour pouvoir limiter la perte d’espace dans le coffre. Pour autant, le volume de coffre se retrouve réduit comme peau de chagrin. Inutile de penser à mettre une grosse valise. Seules des valises "cabines" passeront".
Ce véhicule étant destiné pour une famille de 1 ou 2 enfants, il sera ainsi limité pour faire les tournées des écoles, mais non adapté pour le transport d'une poussette repliée dans le coffre... Car malgré les 13cm supplémentaires, ce dernier sans être ridicule, est tout de même TRES limité (taille de coffre d'une Clio) pour un véhicule de cette taille, ou même le transport d'objets volumineux.
A l'intérieur, rien ne change comparé à la Fluence ou Mégane 3
L'habitacle de son côté, est identique à la version thermique, au détail prêt de la banquette arrière fixe, une fois encore, la faute aux batteries placées juste derrière cette dernière.
L'instrumentation du tableau de bord a été modifié pour permettre l’affichage des informations spécifiques à la partie électrique, et notamment la gestion de son autonomie, avec une jauge visible, et un économètre. La climatisation de son côté, est dotée d'un mode "ECO" pour réduire sa consommation au strict nécessaire, mais aussi son efficacité.
Une voiture très agréable et confortable
A l'usage, le véhicule est très agréable à conduire, permettant d'adopter une conduite douce et sans stress. Quand le besoin se fait sentir, on peut bénéficier de toute la puissance du moteur: la disponibilité instantanée et totale du couple en fait un véhicule rassurant lors d'opérations d'insertion dans la circulation ou de déplacement.
En effet, contrairement à un moteur thermique, le moteur électrique a un couple disponible immédiatement. Cela rend la conduite douce mais efficace.
Avant de rentrer dans la voiture, on a l'appréhension de se retrouver dans un véhicule lourd, avec des réactions lentes (du fait du poids de la batterie) mais en roulant, on oublie très vite cette impression, pour laisser place à la réalité.
Pour autant, cette Fluence se montre relativement pataude et n'aime pas être brusquée comparé à une Mégane par exemple. Mais qu'importe, cette Fluence aime la douceur.
Enfin, on en parle souvent, le véhicule électrique est discret. A l'usage c'est vraiment reposant puisque l’on n'entend que les bruits de roulement. A basse vitesse, cela peut se trouver dangereux (zone proche de piétons/cyclistes). Il est d'ailleurs prévu en option de pouvoir ajouter un bruiteur, qui se désactive à partir de 30km/h. Des discutions sont encore en cours à ce sujet, entre promouvoir une identité "véhicule électrique" ou aller jusqu'à "véhicule ZE", en passant par des bruitages personnalisés qui risqueraient de rapidement se transformer en pollution sonore...
Une autonomie limitée
Annoncée avec une autonomie de 185km en cycle normalisé NEDC, la Fluence couvre largement les besoins de déplacement journaliers. Lors de nos essais sur route, comportant un peu de montagne, de la ville, mais aussi de la circulation dense, l'autonomie réelle variait entre 150 et 200km.
Cela parait peu en rapport avec ce qu'on peut trouver comme autonomie sur les véhicules thermiques, mais il faut resituer le contexte :
- des études réalisées par Renault montrent qu'une partie de la population fait rarement plus de 50km pour un trajet domicile-travail
- l'énergie électrique se stocke difficilement : on a recours à une batterie, qui est lourde, encombrante et surtout très chère.
- l'énergie électrique est disponible quasiment partout, même si le déploiement des bornes de recharge n’en n’est qu’à son tout début.
Dans ce cas, augmenter l'autonomie :
- ne rendra pas plus de service en théorie sur une utilisation normale de son véhicule. on rechargera simplement moins souvent.
- rendra le véhicule plus lourd,
- réduira l'habitabilité du véhicule.
- fera très sensiblement augmenter le prix total
Les Véhicules ZE sont livrés de série avec le TomTom Live édition ZE, permettant à l'usager de pouvoir mieux gérer son autonomie, en trouvant un point de recharge sur son parcours.
Plusieurs solutions de recharge
Concernant la recharge qui est également un élément important, plusieurs solutions sont disponibles comme sur le Kangoo ZE que nous avons également essayé.
A domicile, Renault propose 2 solutions :
- Une première solution consiste à utiliser un câble de recharge en option (très cher payé pour un simple câble… 400€) qui se branche sur une prise murale classique. Cette solution n'est pas recommandée par Renault, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, le câble n'est pas communiquant, et ne permet pas le délestage du réseau de distribution lorsque ce dernier est proche de la saturation. D’autre part, le câble est branché sur une prise murale dont la capacité à délivrer du courant sur un temps long, n'est pas forcément assuré. La puissance sera donc limitée à 10A, ce qui est déjà beaucoup si l'usager ne prend pas de précautions et utilise une grande rallonge.
Cela explique le fait que Renault ne fournisse pas ce câble par défaut avec le véhicule, bien qu'il puisse se révéler fort utile pour faire un appoint énergétique de temps en temps, et qu’il ne fait pas d'effort particulier, c’est un euphémisme, pour en réduire le coût.
- La seconde solution consiste à utiliser un boîtier spécialement adapté : la WallBox. Celle-ci s'installe (ou plutôt se fait installer par un installateur agréé) sur l'installation domestique, sur un circuit dédié, et permet de faire une recharge dite normale.
Sur les prochains véhicules ZE comme la Zoé, et potentiellement les Kangoo et Fluence ZE phase 2, elle permettra de faire une charge rapide.
Cette solution est communicante puisqu’elle pourra échanger des informations avec l'usager (grâce à une application mobile ou une interface web), qui permettra de connaître l'état de la charge de sa batterie, pourra programmer une heure où il souhaite avoir un véhicule chargé,…).
Ces possibilités offertes au client devraient aussi servir à la gestion du réseau de distribution électrique ce qui limitera ainsi le pic de courant au retour au foyer des ménages, mais aussi de pouvoir bénéficier
d'un tarif préférentiel (mise en charge sur les heures creuses par exemple).
Sur la voie publique, Renault participe par ailleurs à la mise en place d'une infrastructure de charge dans les parkings (supermarchés,…), et les rues des grandes villes. Cela n’en est qu’aux touts débuts, et un certain temps sera nécessaire pour que ces infrastructures se développent vraiment.
La batterie en location
La batterie est véritablement le point noir de tout véhicule électrique. C'est un élément composé de produits chimiques, très onéreux à fabriquer et à retraiter, qui a une durée de vie limitée, c’est pourquoi Renault ne souhaite pas fournir de batteries avec ses véhicules, et préfère la proposer uniquement en location.
Les avantages sont nombreux, puisque cela permet de garantir un minimum d'autonomie (80%) aux usagers, de réduire fortement le prix à l’achat du véhicule (cf la Peugeot Ion à plus de 34 000 € ou près de 500 € / mois en location), mais aussi de valoriser les batteries en fin de vie pour d'autres usages que des véhicules.
En plus d'être composée d'éléments polluants, les batteries (lithium-ion) peuvent être dangereuse en cas de défaillance d'un élément. En effet, sa résistance interne augmente, ce qui a pour conséquence une augmentation de la température pouvant aller jusqu'à l’emballement. Renault a mis en place un système de sécurité sur ses batteries. Ce système surveille un certain nombre de caractéristiques de chaque élément des batteries. Ainsi, en cas de défaillance, la batterie est mise en sécurité. Pour se prémunir d'une défaillance en chaîne, le dispositif de sécurité est doublé.
Le principal inconvénient reste d’être enfermé dans une location supplémentaire, qui a tout de même un certain coût : entre 72€ et 80€ / mois selon les modèles et le kilométrage. Malgré tout, en plus de la batterie, Renault propose son service d'assistance qui couvre toutes les pannes liées à celle-ci, même la "panne sèche".
A cela, il faut également ajouter le coût de la recharge (TRÈS faible, environ 2€ pour 160 km). Le véhicule, ne devient ainsi rentable que si l’on roule beaucoup, ou plutôt régulièrement mais « assez peu » (entre 100 et 150 km) sur une journée.
Des coûts d'entretien réduits
Le moteur électrique ne comporte pas de pièces huilée, chauffe peu, et ne nécessite pas de boite de vitesse. En achetant une voiture électrique, quelque soit la marque, on s’affranchit d'une partie des entretiens coûteux des véhicules thermiques. Un élément à prendre en compte dans le coût total d'exploitation de la voiture.
En conclusion, la Fluence ZE est une berline très agréable au quotidien, que ce soit pour ses diverses qualités, que pour son agrément de conduite. Il reste cependant le problème de son positionnement… Car une telle berline, plutôt statutaire, d’aspect routière ne propose finalement qu’une autonomie réduite, avec un coffre presque ridicule. Ces deux éléments ne collent pas vraiment à cette berline.
Mais rappelons tout de même, qu’elle a été conçue pour d’autre marchés que le notre, comme Israël par exemple. Les besoins ne sont pas les mêmes.