Austral TCe 130: petit moteur courageux mais peut mieux faire
A ne pas louper
L’Austral a été présenté il y a un peu plus d’un an par Renault pour une commercialisation il y a 9 mois désormais. S’il a rapidement trouvé son public, il n’a cependant pas encore réussi à reprendre la main sur son concurrent vieillissant, le Peugeot 3008 dont une nouvelle version approche, même si l'écart des immatriculations entre avril et juin s'est réduit. Il faut dire aussi qu’au sein de la gamme Renault, il a face à lui, un autre SUV qui rencontre un certains succès, l’Arkana, qui aura le droit à un restylage bientôt. Les clients ont de quoi se perdre entre les deux.
Face à certains de ses concurrents, l’Austral a cependant un petit handicap: aucun moteur Diesel n’est proposé. A la place, le constructeur propose une version hybride, avec un moteur 3 cylindres de 1,2 l non rechargeable autour de laquelle le constructeur communique beaucoup. Mais l’Austral peut aussi être commandé dans une version simplifiée et moins chère, toujours avec le même bloc, mais avec une hybridation légère en 48V, et avec une boite manuelle. Ainsi doté, cet Austral ne propose plus que 130 ch. Suffisant sur le papier mais qu’en est-il en utilisation réelle ?
La finition Techno offre un bel équipement, mais pas toujours très utile
Dans la gamme Austral, la finition Techno est celle qui occupe le coeur de gamme du constructeur. Une version qui n’a rien à envier à celle du dessus, Iconic. A ce niveau de gamme facturé près de 36 000 € (à noter qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, cette combinaison moteur/finition n’est plus disponible à la commande, mais seulement en occasion), on dispose déjà d’un équipement relativement riche, dont tout tourne autour du système Google qui assure la partie info-divertissement et navigation.
Un système diablement efficace, probablement le plus avancé à ce jour, mais pas exempt de reproches. Par exemple, la réplication du smartphone par le Wifi est plutôt une bonne chose, avec une connexion qui se fait facilement. Malheureusement, le système a parfois tendance à se déconnecter. Pire, au bout de 4 jours, il a décidé de faire des siennes: le téléphone refusait de se connecter tandis que l'écran de l'Austral nous demandait de suivre les instructions affichées sur le téléphone, instructions absentes bien sûr. Du coup, on repasse au bon vieux câble USB... A noter tout de même, comme dans la Mégane E-TECH, que les 4 prises USB de l’habitacle (deux devant, deux derrière) sont au format micro USB-C.
Autre point d’agacement, en utilisant la réplication du smartphone pour profiter de Waze (bien que l’application puisse être téléchargée sur l’OpenR Link), l’assistant Google se désactive. Pas forcément très grave, mais agaçant tout de même au moment de vouloir passer un appel, voire même de commander la climatisation.
Fort heureusement, contrairement à certains concurrents, Renault a eu la bonne idée de laisser bon nombre de commandes accessibles par des touches physiques. C’est notamment le cas de certaines aides à la conduite comme le maintien dans la voie, mais aussi de la climatisation, même si les petits boutons sont relativement peu accessibles sans quitter la route des yeux. Autre sujet d’agacement du système Google, certaines manipulations ne peuvent se faire qu’à l’arrêt. Ainsi, le passager, s’il existe, compte pour du beurre, alors qu’il suffirait de coupler cela avec la détection d’une présence sur le siège passager. Sacro-sainte sécurité… En revanche aller tripatouiller la carte, tout en conduisant, ne semble poser de problèmes à personne. Heureusement d’ailleurs sans quoi le système ne servirait à rien. Mais en quoi est-ce plus dangereux d'aller modifier des paramètres du système de navigation comparé à aller farfouiller dans la map ou aller désactiver une aide à la conduite ? Seul Dieu Google le sait...
Sur notre version, la panoplie des aides à la conduite était présente, comme le maintien dans la voie, la lecture des panneaux, l’aide au stationnement, le régulateur adaptatif, etc. Seule la conduite autonome manquait.
La lecture des panneaux est plutôt utile tant les limitations de vitesse changent pour un oui ou pour un non, avec souvent une petite tirelire flashante non loin, pour venir emplir les caisses d’un Etat aux abois. Mais le système, selon les routes, reste imparfait et peut induire en erreur. Il aura parfois tendance à confondre les panneaux de vitesses pour les sorties avec ceux pour la voie principale.
Le maintien dans la voie quant à lui, a été plus qu’inefficace et agaçant alors que lors de notre précédent essai, il avait plutôt bien fonctionné (problème de calibrage?). Certaines alertes se sont déclenchées sans raison. Bref, un petit tour dans la tablette tactile et on désactive tout ça pour être tranquille.
En revanche, les aides au stationnement sont appréciables, telles que la caméra à 360°. A l’inverse, nous n’avons pas jugé nécessaire de retester la fonction de parking assisté de peur de se faire insulter par les voitures qui nous suivaient.
Un châssis exemplaire, un petit 3 cylindres valeureux mais mal secondé par une boite manuelle peu agréable
Une fois les aides inutiles et pénibles désactivées, cet Austral se révèle assez plaisant à l'usage même si on ne peut pas dire que le compteur d’émotion monte dans la zone rouge du plaisir. Car malheureusement, la boite manuelle est accrocheuse, provoque quelques à-coups désagréables et nous force, assez étonnement à emballer un peu plus que de coutume le moteur en repartant en 1ère sous peine de caler. Dommage.
Notre parcours était essentiellement composé de ville et de périphérique parisien. Pas forcément l’idéal pour un moteur essence non hybride, mais très représentatif d’un client circulant (ou tentant de circuler) dans une grande ville avec ou sans ZFE. Dans ces conditions, on regrette clairement l’absence de boite automatique surtout avec les reproches faits précédemment à la boite manuelle. Pour autant, cet Austral TCe 130 s’en sort plutôt bien, même si la consommation monte vite puisque nous avons relevé environ 9l / 100 km sans forcer. Une consommation assez élevée, mais qui s’explique facilement: alors que la température extérieure était proche des 28°, nous avons fait appel à la climatisation. Dans ces conditions, le S&S se désactive pour favoriser le confort thermique. Et quand on ne roule pas et que la climatisation est en fonctionnement, on consomme. Cqfd.
En revanche, sur un parcours plus routier, composé d’un peu d’autoroute, notre consommation est bien plus convaincante avec 6 l / 100 km. Inutile de dire que nous n’avons pas suivi les recommandations de passages de vitesse (peu visibles d'ailleurs), qui vous forcent à passer le rapport pour avoir un régime moteur de moins de 1 800 tr/min. A une telle « vitesse », le bloc se montre totalement apathique pour repartir dans de bonnes conditions, la faute aussi à une transmission longue prévue pour diminuer la consommation. Ainsi, sur autoroute, en 6ème, il faudra près de 20 secondes pour passer de 80 à 120 km/h. C’est long, très long. Un rétrogradage s'impose donc.
Bien que limité par sa puissance de 130 ch. ce moteur ne refuse cependant pas à la tâche, notamment à basse vitesse, où il se montre plutôt alerte tout en restant discret. Il ne faut cependant pas s’attendre à un foudre de guerre, car il avoue vite ses limites. La fiche technique ne ment pas. Avec un 0 à 100 km/h réalisé en 10,8 secondes, on sait que l’on n’est pas devant un foudre de guerre et par ailleurs, monter dans les tours n’est pas forcément très utile car il s'essouffle vite. En revanche, contrairement à sa version hybride, le bloc ne souffre pas de vibrations malgré ses 3 cylindres, et pour cause, puisqu’il n’a pas de batterie à recharger.
Vous l’aurez compris, cet Austral TCe 130 n’a pas vocation à proposer une conduite sportive, mais plutôt une conduite tranquille. Ce constat est un poil frustrant, car contrairement à son moteur, l’Austral ne refuse pas à être poussé dans ses retranchements sur la route grâce à son châssis diablement efficace malgré l’absence sur cette version des roues arrières directrices. Même à vive allure, on ne relève aucune prise de roulis. Il avale les courbes sans broncher, malgré, comme souvent une tendance légèrement sous-vireuse.
Des suspensions trop sèches
Revers de la médaille, on regrette tout de même, une certaine rudesse des suspensions. L’Austral, quelque soit la version offre de généreux sièges confortables et de bonne facture. Mais si les suspensions filtrent bien les petites irrégularités, elles s‘avèrent tout de même sèches (trop à notre goût), surtout pour les passagers arrières qui maudiront l’état des routes et les innombrables ralentisseurs, même à basse vitesse. Il se révèle ainsi moins confortable que la version full hybride qui dispose quant à elle d’un train arrière multibras et non d’un essieu semi rigide. Et évidemment, comparé à la version disposant des 4 roues directrices, le rayon de braquage est bien plus important (11,2 mètres contre 10,1)
A l’arrière, malgré des suspensions rudes, les passagers sont plutôt choyés: ils disposent de deux aérateurs (mais pas de climatisation indépendante), de liseuses, de prises USB, d’une place plutôt généreuse, et d’un accoudoir central. En revanche, la place centrale s’avèrent bien moins large que ses deux voisines. Si l’Austral ne propose pas de sièges indépendants comme sur un monospace, en revanche, il dispose d’une banquette fractionnable bien sûr, mais que l’on peut aussi faire coulisser sur 16 cm. Pratique au moment de partir en vacances pour faire passer le coffre de 500 à 575 dm³.
Disponible à partir de 35 000 € mais désormais seulement en finition d’entrée de gamme Evolution, ce TCe 130 n’est pas un mauvais choix. Mais sa puissance limitée et surtout sa boite manuelle perfectible nous laisse à penser qu’il vaut mieux débourser 3 000 € de plus pour passer à la belle finition Techno (celle de notre essai), couplée au TCe 160 et à une boite automatique. Ainsi équipé, l’Austral sera alors bien plus homogène et agréable.
Fiche Technique Austral TCe 130 mild hybrid (2023)
Finition: Techno
Moteur: 1 199 cm3 Turbo 3 cylindres, Hybridation en 48v (batterie Lithium-ion de 0,925 kWh)
Puissance / Couple: 130 ch. à 4 500 tr/min / 230 Nm entre 1 750 et 3 500 tr/min
0 à 100 km/h: 10,8 secondes
1000 m D.A : 32,2 secondes
Reprises 80 à 120 km/h : 8,1 secondes
Vitesse maxi : bridée à 175 km/h
Volume du coffre maxi: 575 l VDA
Empattement: 2 667 mm
Longueur: 4 510 mm
Largeur: 2 083 mm
Hauteur: 1 621 mm
Poids à vide: 1 421 kg
Réservoir carburant: 55 litres
Consommation officielle: 5,2 l / 100 km en cycle WLTP
Consommation relevée: 9 l / 100 km (ville), 6 l / 100 km (route et autoroute)
Rejets de CO2 max: 118 gr / km
Norme dépollution: EURO6 D Full + Euro 6 E
Malus écologique 2023 : 0 €
Autorisation de rouler dans les ZFE: oui
Prix affiché hors option (nov 2022): 35 900 €
- Largeur 1,830 m
- Longueur 4,510 m
- Hauteur 1,620 m
- Poids 1 373 Kg
- Présentation Mars 2022
- Commercial. Septembre 2022
- Prix min. indicatif 33 400 €
- Prix max. indicatif 44 900 €
- Type 4cylindres, 16 soupapes
- Cylindrée éxacte 1330 cm3
- Puissance160ch.
- Couple 270 Nm à 1800 tr/min
- Injection Injection directe
- Type 3cylindres, 12 soupapes
- Cylindrée éxacte 1199 cm3
- Puissance200ch.
- Couple 410 Nm à tr/min
- Injection directe
Certaines données (couple, régime maxi, puissance, à +/- 5ch) peuvent varier selon la boîte de vitesse, et version du moteur.
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