Jerez de la Frontera – Mercredi 20h
C'est l'effervescence dans l'équipe d'essais Renault, présente à Jerez de la Frontera... pas seulement car la R26 est portée sur les fonts baptismaux dans le sud de l'Espagne. Le climat andalou, l'un des plus doux d'Europe à cette période de l'année – le mercure franchit la barrière des 20°C au plus chaud de la journée – ne parvient pas à réchauffer les cœurs. La mauvaise nouvelle fait rapidement le tour de l'escouade championne du monde : Fernando Alonso est (légèrement) blessé. Rien de grave, un nerf pincé, mais le programme du losange peut prendre un gros retard si le taurillon d'Oviedo est terrassé par la douleur dans l'arène andalouse.
Oxford – Jeudi 7h
Le téléphone sonne. Il faut quelques secondes à Franck Montagny pour sortir d'un profond sommeil dans lequel il s'était jeté avec délectation, après avoir trouvé un accord avec PKV Racing pour deux journées d'essais en Champ Car. Le stress pouvait retomber, mais l'adrénaline grimpe subitement lorsque le Français reconnaît son interlocuteur, qui lui demande ni plus ni moins de... sauter dans le premier avion direction Jerez ! « Fernando pourrait ne pas rouler demain, petit pépin de santé, rassurez-vous rien de grave. Nous avons besoin d'un pilote aussi rapide que Fernando. C'est vital pour notre programme d'essais de la semaine. Franck est le seul... » nous dira-t-on quelques heures plus tard, pour justifier le retour de Franck chez Renault. Dans les quartiers généraux de Renault, le matériel de Franck est préparé, empaqueté, envoyé en toute hâte à Jerez. Le RenaultF1 Team a également tenu à nous préciser que si Heikki Kovalainen n'avait malheureusement pas pu faire partie du voyage en Andalousie cette semaine, c'est qu'il était occupé par ailleurs sur une opération promotionnelle au Japon.
Madrid – Jeudi 18h
Franck n'est plus sous contrat avec l'écurie avec laquelle il a conquis le titre de champion du monde par équipe. En faisant escale à Madrid avant d'embarquer dans le 'coucou' qui va le rapprocher de son ancienne équipe d'essais, le Français regroupe ses esprits, et ne peut s'empêcher de sourire, de voir quelques images défiler devant ses yeux. La dernière rencontre remonte à la mi-Décembre. Il avait réglé leur compte à Schumacher et Alonso. Les adieux avaient été sobres, emprunts de cette retenue qui vous noue la gorge. Refuser d'aider Renault ? Impossible, ne serait-ce que pour les membres de ce commando présent par n'importe quel temps sur les pistes d'essais, toujours prêts à se mettre en quatre pour Franck, qui le leur rend bien. « Je n'ai pas pensé une seconde à refuser » nous avoue Franck, « je fais cela pour certaines personnes, la majorité chez Renault en fait, et je suis avant tout flatté et heureux que l'équipe estime que je suis puisse être l'homme de la situation dans une crise potentielle. »
Jerez – Jeudi 21h
Franck est accueilli à bras ouverts par son équipe. Accolades et propos chaleureux, les langues se délient, parlent fort et juste. Franck est bien. Pourtant incertain de rouler – Fernando a pu boucler une soixantaine de tours, sous infiltration – le Français est heureux de retrouver les siens, d'être un maillon essentiel, une fois de plus, de l'écurie championne du monde. « Je suis heureux de retrouver tout le monde et de savoir que je peux servir. Ce ne sera que du bonus pour moi si je roule, quelques jours avant de monter dans la Champ Car. »